LE « BAL NEGRE » du 15eme ARRONDISSEMENT DE PARIS EST REHABILITE

RÉHABILITATION D’UN LIEU MYTHIQUE DU 15ÈME ARRONDISSEMENT

René Minoli (membre AJP) nous a fait parvenir cette information.

Un auvergnat du nom d’Alexandre Jouve installe un débit de boisson au 33 de la rue Blomet dans les années folles du Montparnasse. En 1924, il loue son arrière-boutique à Rézard des Wouves qui doit effectuer des meetings politiques. Celui-ci étant plus compétent en musique qu’en politique terminait toujours ses allocutions par quelques accords de piano. Les clients esquissaient quelques pas de danse, et la soirée se terminait en bal.
Par la suite, le candidat à la députation prit avec lui des danseurs et d’autres musiciens. Le bal colonial était né, fréquenté par les noctambules « du Montparnasse des années folles.»

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En 1929 c’est un futur roi (celui de la biguine) qui prend possession des lieux, Ernest Léardé installe le style new Orléans avec le Créols Band. En 1932 il quitte la rue Blomet pour Montparnasse, avant de partir pour le maquis. Le bal périclite, il ne rouvrira qu’après la Deuxième Guerre mondiale.

Une dizaine d’années de succès avec ce que le « Tout-Montparnasse » comptait de célébrités. C’est Robert Desnos, voisin du bal, qui dans l’un de ses articles inventa le terme de « Bal nègre » : « Ici tout est nègre, les musiciens, les danseurs…les pétulantes Martiniquaises et les rêveuses Guadeloupéennes. »

Dans les soirées mémorables de la rue Blomet, Desnos était entouré de Kiki de Montmartre, Foujita, Jean Cocteau, il croise des Américains comme Scott Fitzgérald, Miller ou Man Ray. Ce fut sans le vouloir, que le succès finit par chasser les Antillais dans les années trente, ce qui marqua la fin du « Bal Nègre.»

Après la guerre, Simone de Beauvoir écrivait « Pendant toutes ces années je n’allais plus dans aucune boîte, les Allemands étaient partout et le Bal Nègre était fermé. » Plus tard, Léo Malet place son héros des années cinquante dans le livre « Eaux troubles à Javel » de passage dans la rue Blomet : « Dix heures sonnaient quand je franchis la porte du Bal Colonial…Sur la piste de danse, Blancs et Noirs s’agitaient… Ça sentait la sueur, le tabac et le rhum des Îles.
»
Toujours en place il fut le Saint-Louis Blues et cabaret Cubain, avant de fermer voici quelques années.

Même si la réhabilitation de la salle mythique est réalisée dans le bon sens, rien ne lui rendra le faste d’antan et sa connotation Nouvelle-Orléans, surtout pas avec les adjonctions prévues.
Reprendra-t-il sa fonction première de brasserie ou de cabaret, les chambres d’hôtel pouvant porter à confusion. Le Quinzième ferait il table rase du passé ?

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